L’action du thérapeute

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Ici encore, j’en suis sûr, je vais être mal compris et peut- être même condamné par certains lecteurs pour m’être écarté de la très sérieuse Thérapie de la réalité en vertu de laquelle, depuis des années, j’insiste sur l’action: faire face à la réalité, résoudre les problèmes, s’engager dans la situation et faire que les choses se réalisent. Je dirai pour me défendre que je ne m’écarte pas du tout ici de ces idées. Je crois toujours que nous devrions faire face à la réalité, mais la Thérapie de la réalité m’a appris que le patient a besoin de prendre des forces pour pouvoir réaliser ses ambitions. Bien sûr, le plus gros de ces forces vient de son rapport avec le thérapeute. Mais le cœur de ce rapport, c’est la tranquille acceptation que le bon thérapeute lui manifeste. Pour bien des gens qui présentent des symptômes et viennent chercher de l’aide, cette brève période de temps passée chaque semaine avec un thérapeute qui les accepte tels qu’ils sont peut représenter la seule acceptation qu’on leur ait manifestée depuis des années. Cela ne veut pas dire pour le thérapeute une acceptation aveugle de son client, quoi qu’il fasse. C’est une acceptation qui reste toujours conditionnelle; et la condition, c’est que le client commence à faire face à ses problèmes et à prendre des dispositions pour les résoudre. Dans quelle mesure et avec quelle rapidité le thérapeute doit faire respecter cette condition fait partie de la technique de la thérapie, et cela dépasse le cadre de ce livre. Mais, si le thérapeute est habile, il peut convaincre la plupart de ses clients que cette condition est si manifestement à leur avantage qu’elle n’interfère pas avec l’acceptation qui les aide à pénétrer plus profondément dans leur esprit, là où se trouvent les forces recherchées. Certains clients disent recevoir de l’aide dès leur arrivée dans la salle d’attente, du simple fait d’être assis là à m’attendre, moi, ou à attendre l’un de mes collègues. Ils veulent dire par là que la salle d’attente devient un refuge où ils peuvent s’accepter eux-mêmes. Aussi, même si je crois toujours à la nécessité de se retrousser les manches et de faire des plans, mon expérience m’a montré que l’on aura beau faire des plans jusqu’à la fin des temps, si l’on ne parvient pas à créer un milieu thérapeutique raisonnablement dépourvu d’autocritique, le client n’aura pas la force de réaliser ces plans. Si, à cette atmosphère thérapeutique, le client parvient à ajouter de son côté un peu de temps passé régulièrement à ressentir l’effet de la drogue positive, l’accroissement des forces qui en résultera peut l’aider à retourner les choses en sa faveur. Bien que je n’aie plus maintenant qu’une clientèle privée très réduite, j’ai récemment suggéré la méditation à un de mes clients particulièrement tendu et la course à un client souffrant d’excès de poids. Il sera intéressant de voir si la combinaison d’une bonne thérapie et de la drogue positive va donner de bons résultats. Un de mes collègues psychiatres qui recommande la course à tous ses clients prêts à l’essayer dit ne pas comprendre pourquoi cet exercice les aide à atteindre le bien-être psychologique; mais il ajoute: «Je n’ai jamais fait une telle percée thérapeutique de toute ma vie.» En voyant ses clients améliorer leur état grâce à la course, il ne peut s’empêcher d’ajouter: «Ce que je vois se produire sous mes yeux m’intrigue au-delà de toute expression.»

W.Glasser, Les drogues positives

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